Une initiative de la nouvelle

ASSOCIATION DES AMIS DU VIEUX HUÊ :

Organisation de la journée de

COMMEMORATION DU BICENTENAIRE DE LA MORT DE

L’EVEQUE D’ADRAN LE 9 OCTOBRE 1999 A LORIENT

RENOVATION DES TOMBES DE JEAN BAPTISTE CHAIGNEAU ET DE

PHILIPPE VANNIER AU CIMETIERE DE CARNEL

Inauguration des tombes de J.B. Chaigneau et de P. Vannier au Cimetière de Carnel

De g. à d. M. Norbert Métairie, Maire de Lorient ; Jean Cousso, président de l’AAVH (organisatrice de la journée) ; en retrait le R.P. Moussay des Missions Etrangères de Paris ; M. Louis Mézin, Conservateur du Musée de la Cie des Indes et Loïc-René Vilbert, en charge de la Bibliothèque de la ville de Dinan.

DES BRETONS AU VIETNAM AU XVIIIème SIECLE

Les Bretons et plus particulièrement les marins de « la Royale » ont joué un rôle déterminant dans l’histoire du Viêt-nam à la fin du XVIII éme siècle. De 1789 à 1820, des « volontaires », dont beaucoup sont originaires de Lorient et de Bretagne, se mettent au service de l’Evêque d’Adran, Pigneau de Béhaine, pour conforter la dynastie des Nguyen écartée du trône par les « Frères Tay Son »

Le bicentenaire de la mort de Pigneau de Béhaine et la restauration des tombes de deux de ses compagnons, J.B. Chaigneau et de Philippe Vannier, est l’occasion de rappeler l’histoire de cet épisode de la pénétration européenne en Indochine, véritable roman dont les héros sont quelque trois cents  aventuriers français, pour la plupart originaires de la Bretagne.

LES VOLONTAIRES DE GIA-LONG

En 1777, en « Cochinchine », l’Evêque d’Adran recueille à Hatien, au Cambodge, Nguyen Anh dernier survivant de la dynastie déchue des Nguyen, pourchassé par les rebelles Tay-Son. Entre l’Evêque de 36 ans et le Prince de 15 ans, se nouent des liens profonds. C’est le début d’une épopée de quarante ans qui scellera le destin des relations entre le Viêt-nam et la France.

Dès leur rencontre, dans un contexte de fuites et d’exils continuels, le roi sans couronne et le missionnaire élaborent un plan : demander l’aide du Roi de France pour reconquérir le trône de Huê, en échange d’une concession territoriale et de privilèges commerciaux. Après des années d’incertitudes, le pari se jouera au plus mauvais moment, pendant la Révolution Française.

En 1786, l’Evêque d’Adran quitte la Cochinchine en emmenant avec lui le petit Prince Canh, fils et gage de confiance de Nguyen Anh. Il débarque en France en janvier 1787 et prend la route de Paris et de Versailles. L’apparition du petit « annamite » ne passera pas inaperçue : « Avec quel empressement n’est-il pas accueilli par cette cour brillante des dernières années de l’ancien régime, avide de divertissements et de plaisirs ! Tandis que dans les jardins des Tuileries , le petit prince de Cochinchine partage les jeux du fils de Louis XVI, les Dames dela Cour se font coiffer à la mode exotique » (Louis Malleret). Le tout Versailles fredonnera bientôt : « Royal enfant consolez-vous ! Vous régnerez, Adran vous aime. »

Pendant les quelques mois qu’il restera en France, l’Evêque se démène tant et si bien que le roi intervient personnellement en faveur du projet. Un traité d’alliance offensive et défensive est signé entre Louis XVI et Nguyen Anh. Il est prévu d’envoyer en Cochinchine un corps expéditionnaire des Indes. Ce traité est cependant assorti d’une condition : le Gouverneur de Pondichéry sera maître de la décision de donner suite à l’opération.

Le 27 décembre 1787, Monseigneur Pigneau de Béhaine s’embarque à Lorient sur la “Dryade” pour la « Cochinchine » ramenant avec lui le Prince, un traité, la promesse du versement de 420 millions de livres et la perspective de « rapprocher du Royaume des Cieux » le futur Viêt-nam.

A Pondichéry tous les espoirs s’écroulent. Le Gouverneur Conway, d’origine irlandaise, s’oppose radicalement à l’entreprise. Abandonné par son pays qui rentre dans la tourmente révolutionnaire, l’Evêque d’Adran décide, par fidélité à ses engagements, de se lancer avec ses propres moyens dans l’aventure.

Les « volontaires de Gia-Long » seront recrutés parmi les officiers, marins ou soldats de toutes spécialités, démobilisés par les Anglais. Ils constitueront les « cadres et les conseillers techniques de la jeune armée cochinchinoise » (Philippe Héduy). Grâce à Philippe Vannier, Jean-Baptiste Chaigneau, Olivier de Puymanel, Godefroy de Forçanz, Laurent Barisy, Jean-Marie Dayot et tant d’autres, Nguyen Anh imposera définitivement sa loi aux Tay-Son par la bataille navale de Quinhon, le 27 novembre 1801. Le 9 octobre 1799, l’Evêque est terrassé par la dysenterie, avant d’assister à la victoire dont il a été l’artisan. Gia Long lui réservera le 16 décembre 1799 à Saïgon, des funérailles nationales grandioses : 40 000 personnes suivront le convoi funèbre. L’unité du peuple “annamite”, brisée depuis si longtemps, était rétablie au profit des Nguyen. Nguyen Anh, devenu empereur sous le nom de Gia-Long, allait lui redonner un éclat et une durée qu’elle n’avait jamais connus. « Il dut en partie son empire à la France et il ne l’oublia jamais. » (L. Cadière).

Chaigneau et Vannier, élevés à la dignité de “mandarins à deux parasols“ et de conseillers de Gia-Long, seront les seuls à rester à Huê pour défendre l’influence acquise par la France jusqu’à ce qu’ils soient contraints en 1824, par le successeur de Gia-Long, l’Empereur Minh Mang, de retourner en Bretagne.

LES RAISONS D’UNE RESTAURATION ET D’UNE JOURNEE DU SOUVENIR

En restaurant les tombes de Chaigneau et de Vannier et en organisant les manifestations du 9 octobre, la Ville de Lorient, l’Association des Amis du Vieux Huê, le Musée de la Compagnie des Indes, la Bibliothèque de Dinan et l’Association Côtes- d’Armor Viêt Nam se sont fixé une double mission : raviver le souvenir de deux Lorientais dont la vie au service de leur pays, la volonté et la fidélité à leurs engagements, constituent un exemple ; justifier et encourager les très nombreuses activités associatives et humanitaires entre la Bretagne et le Viêt-nam parce qu’elles se nourrissent sans doute de liens historiques privilégiés, tels que ceux qu’avaient installés, à travers de sublimes destins, les trois cents « volontaires de Gia-Long ».

IMAGES DE LA JOURNEE DE COMMEMORATION

La tombe de J.B. Chaigneau avant restauration

Les tombes restaurées de Chaigneau et Vannier, compagnons de l’Evêque d’Adran

Vers 9 heures, arrivée au Cimetière de Carnel des anciens

d’Indochine de l’ANAI du Morbihan

Le public nombreux et attentif écoute les discours au cometière de Lorient

Pose d’une plaque à la mémoire de J.B. Chaigneau à l’emplacement (retrouvé par la NAAVH) de sa dernière demeure, place actuelle de La Bove

Inauguration d’une exposition sur les Volontaires de Gia Long au Musée de la Compagnie des Indes

De g. à d. Jean Cousso (AAVH), Frédéric Mantienne (CNRS, Péninsule Indochinoise) et le R.P. Gérard Moussay des M.E.P.

18 heures, conférence de Frédéric Mantienne sur son livre « Monseigneur Pigneau de Béhaine, Evêque d’Adran, Dignitaire de Cochinchine » à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lorient.