11 décembre 1999 – Le Maire de Toulouse rend hommage
à Albert Sallet, premier Conservateur du Musée G. Labit
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“Ce docteur avait sauvé le Musée Labit”
Ce titre de l’article paru dans la Dépêche du Midi (13 décembre 1999), traduit bien la reconnaissance des Toulousains pour A. Sallet et le travail qu’il a réalisé, de 1935 à sa mort en 1948, pour faire du Musée Labit le premier musée asiatique et oriental hors Paris, après le célèbre Musée Guimet. La NAAVH avait manifesté le souhait que le nom du premier conservateur du Musée Labit soit associé à une voie de Toulouse. Le Conseil Municipal du 25 mars 1999 a approuvé cette suggestion et a donné le nom de Promenade du Docteur Sallet à la voie piétonne et cyclable qui se trouve entre le canal du Midi et le Boulevard Montplaisir.
L’hommage officiel était rendu le 11 décembre 1999 en présence de nombreux Toulousains, de M. Baudis, de son cabinet, des représentants de la famille Sallet-Morin, du bureau et de nombreux sympathisants de la NAAVH.
DISCOURS DE M. DOMINIQUE BAUDIS, MAIRE DE TOULOUSE
“Nous sommes réunis aujourd’hui ici pour rendre hommage à l’un des acteurs majeurs de l’œuvre de conservation du patrimoine des musées de notre ville : le docteur Albert Sallet disparu il y a un demi-siècle. Je remercie chacune et chacun d’entre vous d’honorer par votre présence cette cérémonie au cours de laquelle nous donnons le nom d’Albert Sallet à cette promenade proche du musée Labit dont il fut le premier conservateur.
Ce musée est situé tout près du Canal du Midi, une artère qui s’ouvre, à chacune de ses extrémités, sur des terres et des continents lointains où le docteur Sallet puisa ses connaissances, accumula ses expériences, et mit à l’épreuve sa grande humanité, sa grande générosité.
Le docteur Sallet n’est pas né à Toulouse, c’est un Toulousain d’adoption ; il a vu le jour dans la Creuse. Ayant fait ses études de santé à Bordeaux, il part comme médecin militaire en Indochine en 1903. Il y séjournera jusqu’en 1930. Outre ses activités militaires, le docteur Sallet se passionne pour la botanique et pour les recherches archéologiques en Annam. Il sera nommé, après sa mise à la retraite de l’armée, conservateur de la ville de Tourane qui est aujourd’hui la ville de Da Nang et il est représentant de l’EFEO pour la surveillance et le contrôle de l’exportation des objets d’art indochinois.
Le docteur Sallet arrive donc à Toulouse en 1930 ; il y rejoint ses enfants et une grande partie de sa famille. Il emmène avec lui une masse considérable de documents, d’objets, de dessins et de peintures qu’il compte exploiter dans le cadre de ses recherches et de ses travaux.
C’est à cette époque que la ville de Toulouse – en particulier Mr Jules Julien qui était Maire Adjoint – consciente de l’extraordinaire expérience et masse de connaissance du docteur Sallet pour les cultures et civilisations asiatiques et orientales, décide de lui confier la difficile tâche de conservation des collections du Musée Labit. A l’époque, il était fermé depuis plus de vingt ans. II était à l’abandon et abritait une accumulation d’objets, plus que, à proprement parler, une véritable collection organisée. Le docteur Sallet a entrepris de recenser, d’étiqueter, de classer tous les documents et les objets laissés par Georges Labit, permettant à cet établissement de devenir le premier musée asiatique et oriental hors Paris, après le célèbre Musée Guimet. Cinquante ans plus tard, le Musée Labit, qui a connu, tout récemment une très importante opération de rénovation, a acquis une notoriété nationale et internationale qui résulte du travail des équipes successives qui ont pris le relais du docteur Sallet. Cette allée qui est une allée piétonne, très appréciée des Toulousains, permettra de rappeler à ceux qui passeront ici, la mémoire du docteur Sallet qui a participé activement à faire de notre ville un lieu de savoir et de connaissance”
DISCOURS DU REPRESENTANT DE LA FAMILLE D’ALBERT SALLET
“Albert SALLET, vous avez souvent arpenté ces rives du Canal du Midi où vous vous reposiez de vos nombreuses activités. En sortant de votre cher Musée, vous veniez goûter ici la joie d’avoir trouvé, à Toulouse et auprès des Toulousains, tout ce que vous croyiez avoir perdu en quittant votre paradis indochinois et vos Amis du Vieux Hué.
C’était en 1931, vous vous installiez en France après un séjour de 27 ans dans la région centrale du Viêt Nam. Vous aviez consacré à ce qu’on appelait alors l’Annam, le meilleur de vos activités de médecin, d’humaniste et de savant. Vous pensiez ne pas vous remettre de ce déchirement, auquel s’était ajoutée, peu après votre arrivée à Toulouse, la disparition de votre chère épouse, Amélie.
C’était sans compter sur le chaleureux accueil des nombreuses sociétés savantes toulousaines qui connaissaient vos travaux et votre réputation ; c’était sans compter sur les nombreux Indochinois de Toulouse, indispensable lien avec le passé, pour lesquels vous aviez tant à faire ; c’était sans compter sur votre aménité, qui vous avait ouvert toutes les sympathies. C’était sans compter, enfin, sur l’aventure scientifique du redressement du Musée Georges Labit qui vous attendait pour renaître, avec le soutien de la municipalité et devenir, grâce à vos initiatives, vos connaissances des civilisations indochinoises et vos relations avec l’Ecole Française d’Extrême-Orient et le Musée Guimet, le premier musée asiatique de Province.
Un hommage vous est aujourd’hui rendu par l’apposition de cette plaque, qui rappellera aux promeneurs votre nom et surtout le titre dont vous étiez le plus fier : “Premier conservateur du Musée Georges-Labit”. Il constitue une nouvelle et définitive reconnaissance de la ville de Toulouse envers un citoyen d’exception. Il va directement au coeur de notre famille.
C’est à double titre, M. le Maire, que nous vous remercions de votre présence : d’abord pour la dimension qu’elle donne à cette cérémonie, mais aussi, sur un plan plus personnel, parce que mon père, André Cousso et votre père, Pierre Baudis, étaient liés par une amitié née au Caousou et poursuivie longtemps après. Nous remercions M. Andrès, adjoint à la culture, d’avoir trouvé cette magnifique promenade qui ne pouvait mieux correspondre à celui qui avait, entre autres passions, celle des plantes et de la préservation des sites. Je voudrais terminer en disant la reconnaissance de notre famille à Lydia et J. P. Raynaud pour la part qu’ils ont prise à la manifestation d’aujourd’hui et l’immense travail qu’ils accomplissent sur la vie de notre grand-père et l’histoire du Musée Municipal, qui sont inséparables.
Je vous remercie”
Jean Cousso, président de la NAAVH